AFFCameroon cohorte 6, « Special Grand Nord »
Trois est le chiffre clé quand il s’agit de la 6e cohorte de la bourse de la vérification des faits en Afrique pour le Cameroun (#AFFCameroon). En effet, pour entamer la 3e année d’existence de #AFFcameroon, #defyhatenow a tenu à accorder un intérêt particulier aux trois régions du Nord Cameroun qui ont vu leurs fils et filles être sélectionnés pour recevoir pendant trois mois des connaissances et ressources nécessaires pour lutter contre la désinformation et les discours de haine en ligne à travers la réalisation de trois activités phares : La rédaction d’articles de factchecking, la rédaction des rapports sur la santé des réseaux sociaux au Cameroun et l’organisation des rencontres spécialisées sur le terrain.
Depuis le début du programme « Africa Factchecking Fellowship » au Cameroun, l’organiser hors des agglomérations urbaines et de ses périphéries n’a jamais été à l’ordre du jour. Toutefois, l’initiative de lancer l’édition « Spécial Grand Nord » a été motivée par deux raisons contextuelles majeures :
– Si on ne peut pas quantifier avec exactitude le nombre de fausses informations circulant en ligne au quotidien, on sait toutefois que le flux d’informations (parfois erronées) venant de cette partie du pays, influence grandement la perception qu’on a des « Nordistes » et de leurs localités. Le plus souvent, ces perceptions modèlent les idées et font développer parfois des préjugés limitant la capacité à appréhender la réalité dans sa totalité tout en tolérant/acceptant l’autre. Ces perceptions erronées du Grand Nord depuis longtemps contribuent à la stigmatisation des personnes issues de ces communautés par l’usage des termes ou noms péjoratifs. D’ailleurs, les gens du Grand Sud Cameroun pensent à tort que le Grand Nord est un espace en totale insécurité à cause de la présence de la nébuleuse Boko Haram, des affrontements intercommunautaires circonstanciels et du phénomène des coupeurs de route.
– Malgré un accès limité aux technologies de l’information et de communication (TIC) et à la connexion internet au Grand Nord Cameroun, la plupart d’informations largement relayées sur les réseaux sociaux s’avèrent avoir un impact sur le quotidien des communautés et la configuration des interactions.
Fort de ces constats, la sélection d’une quinzaine d’acteurs issus du monde des médias et de la société civile s’est révélé une nécessité à bien des égards. D’une part, il s’agit d’augmenter le nombre de vérificateurs de faits pouvant contribuer à redresser la courbe de croissance des fausses informations dans le Grand Nord Cameroun. D’autre part, le but est de promouvoir l’éducation aux média et à l’information en mettant l’emphase sur la lutte contre les discours de haine.
Quel Bilan ?
Au terme des 3 mois de formation sous la houlette de Paul Joël Kamtchang (lien), il est largement appréciable l’engagement des 15 boursiers sélectionnés à sensibiliser sur les enjeux des discours de haine et de la désinformation au sein de leurs communautés.
La production d’articles de factchecking et des rapports mensuels sur la santé des réseaux sociaux témoignent d’une évolution substantielle de leurs connaissances des techniques et de la méthodologie de rédaction.
Il serait prétentieux d’affirmer qu’en 3 mois nos boursiers du Grand Nord ont maîtrisé tous les contours méthodologiques et pratiques de la science du factchecking. Toutefois, il est certain qu’ils ont pu acquérir la motivation et le savoir nécessaires pour contribuer et cerner les enjeux de la lutte contre la désinformation pour la Paix au Cameroun #Act4Peace. Ils débutent ainsi une longue expérience de professionnels en vérification de faits s’inscrivant dans une logique de contribuer à bâtir #UnCamerounSansHaine. Dans une société encore fortement imprégnée des us et pratiques traditionnelles, leur rôle sera capital pour éduquer et accompagner les populations pour une utilisation responsable et harmonieuse du numérique.
A cet effet, ils pourront compter sur l’appui et la collaboration des autorités traditionnelles, religieuses et administratives qui n’ont pas hésité à nous accueillir chaleureusement à Garoua, capitale du Grand Nord.