Sans nul doute, on ne saurait omettre que la démocratisation des technologies du numérique s’est accompagnée de possibilités liées à l’accès à internet. Au début des années 2000 au Cameroun, la tendance était d’inciter la jeunesse à s’intéresser rapidement aux TIC. Cependant, cet intérêt s’est accompagné de la propagation grandissante des discours de haine alimentant les tensions sociopolitiques et ethniques.
En effet, depuis plusieurs années, le contexte social au Cameroun est impacté significativement par les interactions qui se font sur internet au point d’influencer l’agenda sociopolitique du gouvernement et de modifier les comportements des individus et des collectivités cohabitant ensemble depuis des années. Cela se justifie en grande partie par un taux de pénétration d’internet sans cesse croissant estimé à plus de 34% en 2021 avec plus de 10 millions de personnes connectées au Cameroun et passant en moyenne 6 heures de temps par jour sur les réseaux sociaux.
Fête de la Jeunesse : Opportunité de lutte contre les discours haineux
Ainsi, la présence quotidienne des populations et surtout des jeunes sur les réseaux sociaux, en quête constante de buzz ou pour des intérêts égoïstes, a favorisé la prolifération des discours de haine et des dérives liées à un usage malveillant d’internet. Cela présente des conséquences irréversibles pour la cohésion sociale des communautés et pour l’épanouissement social des jeunes. Dans un tel contexte, l’occasion de la fête nationale de la Jeunesse s’est présentée comme étant une opportunité pour échanger avec les jeunes sur les enjeux de la lutte contre les discours de haine au Cameroun.
C’est dans cette optique que dans le cadre de la célébration du 56e fête de la jeunesse dans le département du Wouri (Douala –Cameroun) et sous la houlette du Préfet du Wouri, #defyhatenow a pris part à l’organisation d’un échange socio-éducatif sur la lutte contre la diffusion des discours haineux au Cameroun. Se basant sur la thématique annuelle (Jeunesse et participation volontaire aux grands défis du Cameroun) il s’agissait pour nous de présenter la problématique des discours de haine en ligne comme l’un des catalyseurs du tribalisme, l’un des défis majeurs au Cameroun.
Tribalisme et discours de haine au Cameroun
En effet, Les problèmes du tribalisme et des discours haineux sont plus vieux que l’existence d’internet et des réseaux sociaux au Cameroun. Ce phénomène est courant chez les politiciens, les autorités administratives et traditionnelles, les fonctionnaires, les entrepreneurs ainsi que chez les enfants et les jeunes. Il a pour conséquence la radicalisation et la frustration de plusieurs personnes, la croissance de la violence dans nos quartiers et rues, l’augmentation des tensions entre ethnies voisines et à la crise de confiance entre voisins. L’apparition d’internet et des réseaux sociaux a amplifié ce phénomène de façon exponentielle. Ils sont devenus le principal canal de haine et de violence quittant la sphère virtuelle pour le terrain. Dans de telles circonstances, la cohésion sociale et l’unité nationale se fragilisent considérablement au fil des jours.
Néanmoins, il urge de limiter ces conséquences néfastes. A cet effet, il est possible de renverser la courbe de violence en ligne en adoptant des comportements et des réflexes positifs qui limitent la propagation des discours haineux. Ainsi, durant nos échanges avec les jeunes du département du Wouri, nous avons mis l’accent sur un ensemble de recommandations et outils de “référence rapide” pour une utilisation responsable des médias sociaux.
En conclusion, nous avons convenu de l’impératif pour chaque jeune d’apporter sa contribution au développement et à la cohésion nationale en s’abstenant ou en signalant des publications ou contenus à caractère haineux. Ce sont nos petites actions du quotidien qui participent à la construction de la Paix, gage d’épanouissement pour tous.