Rapport de monitoring Hate speech

Introduction

La semaine qui s’achève a été marquée par une recrudescence des discours de haine en majorité dirigés vers le nommé Wilfried Ekanga. Wilfried Ekanga est un allié du Pr. Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Il s’est positionné comme un critique politique et acteur majeur sur le plan de la communication du MRC tant sur les réseaux sociaux que dans les médias classiques (Radio / TV & Presse écrite). Avant et après les élections présidentielles d’octobre 2018, il agite la sphère politique par ses publications. Il est également auteurs des livres « Des Afriques et des vers » et « Tu dois t’impliquer ». Durant cette semaine, son côté albinos a été le plus attaqué sur les réseaux sociaux. Ensuite, en direction de la tribu bamiléké et du leader politique Maurice Kamto. A la lecture de toutes les publications, on se rend compte qu’elles tournent autour de la politique avec pour socle, l’appel au boycott, lancé par le MRC, des prochaines élections législatives et municipales prévues le 9 février 2020.

Les attaques recensées sur la toile durant cette période sont classifiées dans l’ordre politique, du genre (groupe) et ethnique. Le socle de ses trois catégories restent et demeurent la politique avec les échéances électorales de février 2020. Dans les différents posts, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et ses militants (en occurrence Maurice Kamto et Wilfried Ekanga) ont été les plus visés ou cités. Le problème découle du mot d’ordre de boycott lancé par ledit parti politique.

Attaque contre le groupe (genre) ethnique

C’est dans cette lancée que l’attaque sur le genre est mise en exergue. Dans différents posts, le sieur Wilfried Ekanga a été traité de multiples noms d’oiseau peu glorieux tels que « Ndongourou sans mélanine », « Albinos, race maudites », etc.En plus d’être une attaque contre la personne de ce dernier, cette attaque est aussi dirigée vers le groupe albinos.

Il est également taxé d’Allemand (voir le post ici http://bit.ly/2QPvU48). Pratiquement tous les sites sur lesquels nous tombés, le présentent comme camerounais (exemple : http://bit.ly/30mYcG7).

Exemples de Posts :

Utilisateur Facebook: Depuis que le ndoungourou sans mélanine ci a partagé un plateau tv avec le PR Messanga, il se prend pour Einsten…mon petit tu n’es rien et tu ne seras rien dans la sphère politique de ce pays car contrairement à ce que la secte porcine te fait croire…ton petit zèle n’est qu’une tempête dans un verre d’eau ».

Utilisateur Facebook : « Voilà un allemand qui insulte les camerounais à longueur de journée. Regardez le drapeau qui pointe devant lui. ON VA VOTER LE 09 j’attend le cochon qui viendra m’en empêcher »

Utilisateur Facebook : « Toi Billy Akele je t’encule, je nique ta mère, venez alors toucher un seul bamiléké et vous verrez qu’ils ne sont pas différents des chinois. Cafard »

Utilisateur Facebook : « Max Senior ivoire sache que partout où tu vas te cacher ici en France nous allons te prouver que nous sommes camerounais et avons vu mourir nos frères, sœurs, oncles et amis à cause de ce drapeau que tu as déchiré. Tu vas sortir un jour de ta cachette mais tu ni rentreras plus jamais. Méfie-toi de nous…nous allons te trouver… »

Attaque tribaliste/ethnique

Quant aux attaques tribales, en plus de placer le leader du MRC comme instigateur du tribalisme au Cameroun, elles sont plus dirigées dirigées vers la tribu bamiléké. Lesquelles prennent de l’ampleur de l’ampleur dans le groupe « Le Cameroun c’est le Cameroun libre ». Voici quelques exemples :

Post de Germaine Mbida Amougou : « Kamto a failli détruire le Cameroun avec le tribalisme et il a échoué. Les camerounais sont sages et prudents » Utilisateur Facebook (voir photo) : « Bamiléké bamilékéBamilékéooooooooooooooooo pardon la vie est très belle oooooooooooooooooo »

En faisant un fact checking de la photo sur Google image Search, on se rend compte que la photo a été publiée pour la première fois le 27 janvier 2016 sur un site humoristique du Brésil (http://bit.ly/381dnHG). La photo n’a pas été prise au Cameroun. Les personnes sur l’image ne seraient donc pas de cette tribu indexée.

Attaque politique

Dans le groupe « Le Cameroun c’est le Cameroun libre » (+53K membres), les exemples sont légions. L’ethnie la plus visée reste celle « bamiléké ». Plusieurs de ses attaques sont couplées accompagnées de Fake News. On a par exemple ces exemples retranscrits ici :

Utilisateur Facebook : « Les vrais électeurs (parlant des soldats camerounais) du Noso sont déjà en train de prendre position. Nous on boycotte les bêtises »

Loin d’être une attaque, ce post est plus un Fake news avec pour objectif manipuler les consciences et pousser les internautes au boycott des élections car, rien ne démontre que les soldats sont ou seront des électeurs dans ses zones de conflits comme le souligne ladite publication.

Conclusion

En conclusion, la période pré-électorale qui est amorcée s’annonce très virulente au niveau des attaques tant politique, ethnique que personnellestrès souvent diluées dans les attaques ethniques et tribales. On est donc dans une situation où une faction (celle conduite par le gouvernement, le RDPC et ses alliés) souhaite que les élections aient lieu à tout prix ; en opposition à l’autre faction (le MRC et alliés, les membres de la BAS, et une partie du SDF) qui appelle à un boycotte total des élections. Ce qui fait augmenter les tensions sociales (off et online).

Au vu d’une telle situation de hate speech qui se propage jusque dans le temple du savoir (les universités), la sortie du Pr. Emmanuel Pondi sonne comme une alarme et appelle à davantage éduquer les populations que détruire cette gangrène qui ronge au fil des jours la cohésion sociale des camerounais.

Recommandations :

  • Poursuivre les formations dans notre entourage
  • Concevoir des messages de paix et/ou d’opposition : sensibilisation contre les discours de haine qui seront balancés dans les différents groupes (Facebook – WhatsApp) et même sur les statuts pour continuer la sensibilisation.

Glossaires

Ndoungourou : thème péjoratif pour qualifier un albinos

BAS : Brigade Anti Sardinards (nom arboré par ceux (en occurrence de la diaspora) qui s’opposent au régime en place). Elle a été créée au lendemain des élections présidentielles d’octobre 2018.

Annexes

http://bit.ly/2QPvU48

http://bit.ly/30mYcG7

http://bit.ly/36LwiGd

http://bit.ly/381dnHG

http://bit.ly/36M5ZzE