Outils d’atténuation des discours haineux – #defyhatenow Guide Pratique de lutte contre les discours haineux sur les réseaux sociaux

Outils de lutte contre les discours de haine – En ligne ou hors ligne, les discours de haine constituent aujourd’hui une réelle menace pour la paix, la promotion de la démocratie et le respect des droits de l’Homme. A cet effet, #defyhatenow s’engage à limiter la propagation des discours de haine, la rhétorique du conflit et l’incitation à la violence diffusées sur internet et principalement sur les réseaux sociaux dans le cadre du conflit anglophone du Cameroun. 

Pour se faire, #defyhatenow propose la deuxième édition du guide de pratique qui présente des outils et des stratégies à utiliser par les organisations communautaires et pour des campagnes en ligne dans le but de contribuer à la consolidation de la paix. Cette deuxième version intègre un peu plus de scenarii et de recommandations tirés lors de notre expérience dans la mise en œuvre du projet durant ces deux dernières années. Chacun des six chapitres du guide porte sur un aspect spécifique du processus de conflit et de consolidation de la paix et sert de cadre de référence pour des actions de sensibilisation sur la sensibilisation aux discours de haine induits par les médias pour lutter contre les conflits, soutenir l’éducation aux médias et aborder les questions de migration et de déplacement.

Il est disponible en format téléchargeable gratuitement sur le site web #defyhatenow et contient:

  • Un guide de terrain A4 comprenant six chapitres avec des questions de discussion et des notes pour les animateurs.
  • Des flashcards A5, résumant le contenu du livret, sont recommandées pour les discussions de groupe.
  • Une affiche et un jeu A1, qui fournissent un guide de référence rapide d’un côté et un jeu #HateFreeCameroon de l’autre côté, conçus pour être joués en groupe en mettant l’accent sur l’atténuation des discours de haine. 
  • 1 Dé utilisé pour jouer au jeu #HateFreeCameroon.
  • A2 Des affiches illustrant divers thèmes du guide de terrain peuvent être utilisées pour animer des discussions ou accrochées aux murs comme aide-mémoire. Ces affiches portent sur ces thèmes;
  • Les dangers en ligne
    • Choses à faire pour la construction de la paix
    • ThinkB4UClick
    • Hashtags pour la paix
    • Les événements qui conduisent souvent à un traumatisme.
  • Une ” clé ” USB contenant des documents vidéo et audio et des liens vers des ressources supplémentaires. 
  • 1 “PenNotGun
  • 2 paquets de post-it pour vous aider à démarrer.
  • 1 pochette solide qui sert à conserver tout le matériel.

Les six chapitres sont les suivants ;

  1. Les Médias sociaux et les conflits
  2. L’utilisation des médias sociaux et vérification des faits
  3. La consolidation de la paix par l’art et la technologie
  4. L’identité
  5. La Santé Mentale: traumatismes & guérison
  6. Expressions courantes du discours haineux – Cameroun

Le premier chapitre, consacré aux réseaux sociaux et aux conflits, fournit une définition pratique du discours de haine, à savoir “des propos stigmatisant vis à vis d’une personne tierce en raison de son appartenance à un groupe”.Les discours de haine ont toujours existé. Cependant, son impact s’est accru avec l’arrivée des TIC et s’avère être dévastateur pour les individus, les différentes communautés et pour la société entière. 

Ce chapitre analyse le processus de transformation d’un discours de haine en discours dangereux avec l’éventualité du passage à l’appel à l’action. Selon le Dangerous Speech Project, le discours dangereux est décrit comme toute forme d’expression (discours, texte ou images) qui peut augmenter le risque que son public approuve ou commette des actes de violence contre les membres d’un autre groupe. 

Les gouvernements essayent constamment de lutter contre les discours haineux en adoptant des lois sur les discours haineux.  La loi camerounaise notamment sur le discours de haine adoptée le 24 décembre 2019, un amendement de la loi n° 2016/7 du 12 juillet 2016 relative au Code pénal pour le discours de haine est expliquée et discutées. Dans certains contextes, la législation sur le discours de haine peut être considérée comme un moyen efficace et approprié pour prévenir les préjudices émanant des discours de haine et des discours dangereux. Elle présente néanmoins des limites. En effet, elle est parfois considérée comme un excès de pouvoir qui restreint la liberté d’expression et les libertés de presse. 

En outre, ce chapitre identifie également les groupes qui sont le plus souvent la cible de discours de haine, notamment les groupes tribaux – la plupart des violences et des atrocités au Cameroun aujourd’hui sont basées sur des conflits tribaux – les femmes et la communauté LGBTQ+.

Les fausses informations sont légion en ligne et ont le potentiel de voyager plus loin, plus vite et parfois plus profondément que la vérité. 

Le chapitre 2 traite de l’utilisation des médias sociaux et de la vérification des faits, car même de petites erreurs ont le pouvoir de blesser les gens et de provoquer des conflits. Les faussetés ou les erreurs peuvent se manifester de trois manières principales : la désinformation, qui consiste à partager des informations incorrectes sans savoir qu’elles sont fausses ; la désinformation, qui consiste à partager délibérément des informations incorrectes pour tromper les gens ; et la mal-information, qui consiste à partager des informations qui peuvent être vraies ou non, mais qui ont pour seul but de nuire à un individu ou à un groupe de personnes plus large. 

Les outils de vérification de l’information sont énumérés et commencent tous par une remise en question. La recherche de la source, la lecture au-delà du titre, le recoupement et la méfiance à l’égard des récits absolus sont quelques-uns des outils qui permettent d’éviter la désinformation et la mésinformation. La question de savoir comment se comporter en ligne est également abordée;  les utilisateurs sont donc invités à vérifier les informations et à faire preuve de transparence, de clarté, d’équité et de respect.

Le chapitre 3 explore la consolidation de la paix par l’art et la technologie, en examinant comment les compétences artistiques et technologiques peuvent être utilisées pour répandre la paix. L’artivisme combine les mots “art” et “activisme” et définit l’utilisation de l’art pour faire une déclaration politique ou sociale et sensibiliser sur les questions d’inégalité. 

Les films, la littérature orale, les illustrations et les jeux vidéo sont des exemples de formes d’art utilisées pour diffuser des messages de paix ; des exemples spécifiques de ces formes d’art sont fournis dans ce chapitre. L’artivisme peut également prendre la forme d’événements, comme l’explique la célébration annuelle du #peacejam de #defyhatenow. 

Lors de cet événement communautaire, les gens se réunissent pour partager leurs idées, leurs visions et leurs espoirs d’un avenir plus pacifique. La paix par la technologie est également décrite, avec des exemples de la façon dont les hashtags #peacetech et #tech4peace peuvent être utilisés pour diffuser des idées sur la façon avec laquelle la technologie peut contribuer au processus de consolidation de la paix. Ce chapitre donne également des exemples d’outils et de ressources technologiques utilisés par #defyhatenow, tels que #ASKnet, The Mungo et Makerspaces.

L’identité est le thème central du quatrième chapitre et se concentre sur la façon avec laquelle la façon dont les gens se considèrent comme faisant partie d’un groupe et comme étrangers aux autres. La roue de l’identité sociale est proposée comme une activité qui aide les individus à percevoir l’identité comme étant composée de différents éléments. Apprendre à penser ainsi, contribue à favoriser la paix au sein de nos communautés.

Les deux critères les plus couramment utilisés pour distinguer les êtres humains est le sexe et le genre. La différence entre ces deux éléments est significative car ils sont souvent confondus et peuvent empêcher les individus de s’épanouir et d’explorer leurs différentes forces. Le cycle de socialisation permet d’expliquer comment nous sommes socialisés pour jouer certains rôles et comment ces rôles sont renforcés, ce qui est bien expliqué et inclut un appel au changement afin que des communautés plus ouvertes et libres puissent être construites. 

La pyramide de la haine explique également comment les préjugés partent d’attitudes partiales et peuvent conduire à la violence motivée par les préjugés, voire le génocide. Le rôle du dialogue significatif entre les groupes et des leaders communautaires dans la désescalade des tensions et la diffusion de messages de paix est examiné à la fin du chapitre.

Un conflit généralisé entraîne de nombreuses conséquences, l’impact sur la santé mentale de la population civile étant l’une des plus importantes. On n’accorde pas assez d’importance à parler des problèmes de santé mentale, de traumatismes et de guérison. Le combat demeure sur la séparation entre l’identité d’un individu et la nature de ses sentiments. La définition du traumatisme est fournie comme étant la réponse émotionnelle du corps à un événement terrible, et une liste d’événements qui peuvent susciter une réponse traumatique est énumérée. 

Il existe de nombreux mythes et idées fausses reçus sur les traumatismes, notamment le fait que toute personne souffrant d’un traumatisme est violente et instable, ou que des événements très graves ne peuvent pas provoquer de traumatisme. Des outils permettant d’aborder les traumatismes et d’aider les personnes qui en sont victimes, sont présentés. Ils comprennent des exercices d’apaisement tels que la respiration consciente et l’ancrage, la fenêtre de tolérance, l’écoute, l’encouragement à l’action et les ressources pour les soignants.

Pour réussir à surveiller et à contrer les discours de haine, il faut d’abord identifier les termes spécifiques et le contexte social et politique qui les rend offensants, incendiaires, voire potentiellement dangereux. Le chapitre six dresse une liste des expressions courantes du discours de haine au Cameroun. 

Par exemple, “Francofou”, qui se traduit par “les francophones sont des imbéciles”, est une expression utilisée pour attaquer tout ce qui est francophone ou tout ce qui a une origine dans les régions francophones. D’autre part, “Anglofou” est un terme utilisé pour rabaisser les Camerounais anglophones. Anglofous est le terme français pour “les anglophones fous”. Un autre terme à connotation négative est “Les Bamenda”, qui désigne quelqu’un qui est minimisé, un sous-fifre ou un serviteur. On utilise également un argot dégradant tiré de cette expression, comme “c’est mon Bamenda”, qui signifie “elle est mon idiote”, ou “je ne suis pas ton Bamenda”, qui signifie “je ne suis pas ton Bamenda” ou “je ne suis pas ton idiot”.

Tout au long de l’histoire, la plupart des conflits ont suivi des histoires où les mots se voient attribuer des significations particulières tout en ayant une plus grande gravité différente de leur usage habituel, les rendant ainsi haineux. Le chapitre sur les expressions courantes des discours haineux au Cameroun est un document vivant qui est mis à jour au fur et à mesure que de nouveaux mots sont utilisés et que d’autres mots deviennent désuètes.

Vous pouvez télécharger votre exemplaire du guide de pratique ici.

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